CHAPITRE PREMIER

Vous ne vous en sortez pas trop mal, Corran, mais vous n’êtes pas Luke Skywalker.

Les joues de Corran Horn s’empourprèrent au souvenir du commentaire lancé par le commandant Antilles lors du précédent exercice de simulation.

Je n’ai jamais essayé de me faire passer pour un pilote de cette classe ! Il se morigéna. Non, tu aimerais seulement que ça soit vrai et que tout le monde s’en aperçoive…

Il tendit la main et activa les commutateurs des moteurs du simulateur « aile X ».

— Vert Un prêt. Moteurs primaire et secondaire engagés.

Des moniteurs s’allumèrent autour de lui dans le cockpit.

Ooryl Qrygg, son coéquipier de la planète Gand, signala que son démarrage avait aussi été couronné de succès.

— Vert Deux est opérationnel.

Vert Trois et Quatre confirmèrent leur statut, puis les écrans extérieurs s’illuminèrent, affichant un panorama stellaire vide.

— Whistler, as-tu terminé les calculs de navigation ?

L’unité R2 vert et blanc installée derrière Corran ulula. Puis les données de navigation apparurent sur le moniteur principal. Corran poussa un bouton, transmettant les coordonnées aux autres pilotes du Vol Vert.

— Passez en vitesse-lumière. Rendez-vous sur le Rédemption.

Corran engagea les moteurs d’hyperpropulsion de l’aile X. Les étoiles s’étirèrent et devinrent des cylindres blancs avant de reprendre leur aspect de points lumineux. Ensuite, ces points tournèrent lentement sur eux-mêmes, se transformant en tunnel de lumière. Corran lutta contre le besoin instinctif de corriger le roulis avec son manche à balai. Dans l’espace, surtout l’hyperespace, le haut et le bas étaient des notions relatives. Peu importait comment le vaisseau se déplaçait : tant qu’il restait sur la trajectoire que Whistler avait calculée, il arriverait intact.

Il serait presque plus facile de voler à travers un trou noir.

Tous les pilotes redoutaient le scénario Rédemption, basé sur une attaque impériale contre des vaisseaux d’évacuation, au temps où la première Étoile Noire existait encore. Tandis que le Rédemption attendait que trois navettes Medevac et la corvette Korolev accostent et transfèrent à bord les blessés, la frégate impériale Démolisseur arriva et lâcha des chasseurs Tie et des bombardiers, avec l’ordre de faire le plus de dégâts possible.

Les bombardiers, armés jusqu’aux dents, étaient capables de faire beaucoup de dégâts. Entre eux, les pilotes appelaient le scénario Rédemption d’un autre nom : le scénario Requiem. Le Démolisseur ne déploierait que quatre chasseurs stellaires et une demi-douzaine de bombardiers – appelés, dans le jargon des pilotes, les Mirettes et les Frelons –, mais il le ferait de telle manière qu’il était impossible aux pilotes de sauver le Korolev. Les bombardiers auraient beau jeu de larguer tous leurs missiles sur la corvette sans défense.

Les étoiles s’étirèrent de nouveau quand le chasseur quitta l’hyperespace. Corran aperçut le Rédemption à bâbord. Un instant plus tard, Whistler rapporta que les autres chasseurs et les trois navettes Medevac étaient arrivés. La première navette commença la manœuvre d’approche du Rédemption.

— Vert Un, ici Vert Quatre.

— Vas-y, Vert Quatre.

— Procédons-nous suivant les règles, ou essayons-nous autre chose ?

Corran hésita. Par règles, Nawara Ven entendait la réponse habituelle donnée au scénario : un des pilotes partait en avant pour attaquer la première vague de chasseurs Tie, tandis que les trois autres assuraient les arrières. Tant que les ailes X respectaient cette formation, le Démolisseur lâchait les vaisseaux d’attaque à une bonne distance du Korolev. S’ils procédaient autrement, la frégate s’enhardissait et le scénario devenait beaucoup plus sanglant.

Mais ce choix ne constituait pas une très bonne stratégie. Un seul pilote devait affronter cinq vaisseaux Tie, deux Mirettes et trois Frelons, puis faire demi-tour et en rencontrer cinq autres. Même si l’ennemi arrivait par vagues, les chances de succès étaient minces.

Pourtant, procéder d’une autre façon s’était toujours avéré désastreux.

— Selon les règles. Ouvre l’œil et fonce après moi.

— D’accord. Bonne chance.

— Merci.

Corran leva la main droite et effleura le porte-bonheur qu’il avait autour du cou. Il sentait à peine la pièce de monnaie à travers ses gants épais et le matériau de sa combinaison de vol, mais il savait qu’elle était là. Il sourit.

Elle t’a été bien utile, papa ! Espérons qu’elle fera de même pour moi.

Il n’avait aucun mal à admettre qu’il avait beaucoup compté sur la chance pour s’adapter à la vie avec les forces de l’Alliance.

Apprendre l’argot des pilotes n’avait pas été de tout repos. La logique cachée derrière les termes qu’ils utilisaient lui échappait totalement. Tout ce qui concernait la Rébellion lui paraissait bizarre en comparaison de ce qu’il avait connu.

Il ne sera pas facile de gagner contre ce fichu scénario !

Le Korolev se matérialisa et avança vers le Rédemption. Corran procéda aux dernières vérifications. Il avait longuement réfléchi au problème. Lors d’exercices précédents, il avait fait enregistrer par Whistler le minutage des chasseurs Tie, leurs styles de vol et leurs vecteurs d’attaque. Des cadets différents pilotaient les Tie lors des simulations, mais une partie de la séquence initiale était préprogrammée.

Un couinement aigu de Whistler avertit Corran de l’arrivée du Démolisseur.

— Super. Onze klicks derrière.

Il tira le manche à balai vers la droite. L’aile X vira large. Corran poussa les moteurs à pleine puissance dès que le vaisseau revint en droite ligne. Puis il verrouilla les stabilisateurs en position d’attaque.

— Vert Un. Je passe à l’offensive.

La voix de Rhysati résonna dans la radio.

— Répands-toi sur eux comme de la bave sur un Hutt !

— Je ferai de mon mieux, Vert Trois.

Corran sourit et quitta la formation, se dirigeant vers le Démolisseur. D’un bip, Whistler annonça l’apparition de trois bombardiers Tie. Puis un autre son, plus aigu, signala l’arrivée de deux chasseurs Tie.

— Whistler, enregistre les bombardiers comme cibles numéro un, deux et trois.

Corran augmenta la puissance des boucliers avant et appela à l’écran le programme de visée laser. Puis il régla le système pour faire apparaître les deux chasseurs.

Parfait. Il y a environ trois klicks entre les Mirettes et les bombardiers.

Effleurant encore une fois son porte-bonheur, Corran inspira à fond, le pouce prêt à enfoncer le bouton de mise à feu. Quand le chasseur de tête fut à deux klicks, l’affichage dessina autour de lui un rectangle jaune. Le réticule des lasers vira au vert quand le système de visée se verrouilla sur l’appareil ennemi. Corran poussa le bouton. Trois séries de rayons filèrent vers le chasseur de tête.

La première série le manqua, mais les deux autres firent éclater le cockpit. Les panneaux solaires hexagonaux se détachèrent tandis que les moteurs ioniques explosaient, transformant l’engin en une boule de feu.

Corran lança son aile X vers le centre de l’explosion. Le second chasseur lui tira dessus ; Corran riposta, touchant son adversaire, qui continua cependant à se diriger vers le Korolev.

C’est le moment ou jamais de corriger un peu le scénario Requiem…

Corran coupa l’accélération. L’aile X ralentit.

— Whistler, cible numéro un à l’écran !

L’image du bombardier Tie apparut. Corran bascula sur les torpilles à protons. Le réticule de visée se matérialisa. Whistler émit une série de bips tandis qu’il envoyait les données à l’ordinateur.

— Vert Un, ta vitesse est pratiquement nulle. As-tu besoin d’aide ?

— Négatif, Vert Deux.

— Corran, qu’est-ce que tu fabriques ?

— Je réécris les règles.

J’espère…

Le réticule des torpilles vira au rouge. Corran lança le premier missile.

— Acquisition de la cible numéro deux.

Le réticule clignota, jaune puis rouge de nouveau. Le pilote lâcha la seconde torpille.

Le premier missile atteignit sa cible, déchiquetant un bombardier Tie. Le second trouva sa proie quelques secondes plus tard. L’explosion illumina le cockpit du simulateur.

— Acquisition de la cible numéro trois.

Corran réalisa au moment où il donnait l’ordre que son vaisseau était désormais trop proche du bombardier. Impossible de lancer le troisième missile.

— Annulation cible trois.

Il bascula sur les canons laser quand le Frelon le dépassa. Puis il fit faire demi-tour à son vaisseau et se colla au train du bombardier.

Le pilote ennemi essaya de lui échapper, mais Corran n’était pas décidé à le laisser faire. Il ralentit pour rester derrière le bombardier et lâcha deux volées de rayons laser. L’ordinateur de visée indiqua que la coque de l’ennemi avait été endommagée.

L’aile gauche du vaisseau adverse se détacha. Corran manœuvra pour garder le bombardier dans sa ligne de tir et le toucha de nouveau. Le Tie se désintégra.

Corran accéléra à fond, cherchant le chasseur qu’il avait raté. Il le vit à deux klicks devant lui, se dirigeant vers le Korolev. Cinq autres le suivaient à dix-huit kilomètres environ.

Damnation, le dernier bombardier m’a retardé !

Il repassa sur les torpilles à protons et visa le chasseur. Le réticule lui sembla mettre une éternité pour virer au rouge. Quand le système se verrouilla sur la cible, Corran envoya un missile et le regarda démolir le chasseur.

Puis il s’occupa des nouveaux Tie.

— Vert Un, veux-tu que nous attaquions ?

— Négatif, Deux. Le Démolisseur pourrait lâcher un autre escadron. Mettez-vous en position de les intercepter, mais n’approchez pas de plus d’un klick du Korolev.

— Compris.

Ils se chargeront des chasseurs pendant que je liquide ces Frelons.

Corran étudia les données de navigation envoyées par Whistler. Le Korolev, les bombardiers et son aile X formaient un triangle dont les côtés raccourcissaient à vue d’œil. S’il volait directement vers les bombardiers, il serait obligé de terminer par un arc de cercle, ce qui prendrait trop de temps et laisserait à l’ennemi la possibilité de larguer ses missiles sur la corvette.

— Whistler, calcule un point d’interception à six klicks du Korolev.

L’unité R2 émit un bip joyeux. Corran regarda l’écran et comprit qu’il aurait à peine plus d’une minute pour éliminer les bombardiers avant qu’ils soient à portée de tir du Korolev.

 

Corran redirigea l’énergie des générateurs vers les moteurs. La poussée plaqua le pilote contre son siège rembourré.

— Vert Un, le Démolisseur est passé en vitesse-lumière. Autorisation d’attaquer les chasseurs ?

— Affirmatif, Trois.

Corran fronça les sourcils. Le commandant Antilles aurait sans doute pu éliminer tout seul les vaisseaux ennemis… Mais n’oublions pas qu’il a deux Étoiles Noires peintes sur la carlingue de son aile X…

— Whistler, les bombardiers sont les cibles quatre, cinq et six.

La portée d’interception passa à trois klicks, ce qui lui donnait trente secondes de plus pour affronter ses ennemis.

— Acquisition cible quatre.

L’ordinateur de visée lui montra que la trajectoire de la cible faisait un angle de quarante-cinq degrés avec son vaisseau. Corran redirigea l’énergie des générateurs vers les lasers et le bouclier, une manœuvre qui diminua sa vitesse. Il tira sur le manche à balai, amenant l’aile X sur le trajet des bombardiers. Poussant légèrement les commandes vers la gauche, il centra le réticule de visée sur le premier Frelon.

Le réticule vira rapidement au rouge. Le Corellien lança le premier missile.

— Acquisition cible cinq.

Whistler ulula.

Corran regarda l’écran. Vert Deux avait un problème.

— Vert Deux, au rapport.

— Il a disparu, Vert Un.

— Un chasseur l’a eu ?

— Pas le temps de bavarder…

La communication avec le pilote Twi’lek de Vert Quatre se termina par un sifflement de parasites.

— Rhysati ?

— J’en ai eu un, Corran, mais le dernier est fichtrement doué !

— Tiens le coup.

— Je ferai de mon mieux.

— Whistler, acquisition cible six.

L’unité R2 siffla. Le dernier bombardier avait dépassé le point d’interception et fondait sur le Korolev. Le grand vaisseau tournait lentement sur lui-même, rendant malaisé le verrouillage du viseur.

Dès qu’il aura réussi à viser le Korolev, ce qui ne sera pas difficile étant donné ses dimensions, la corvette sera fichue.

Corran revint aux canons laser et poussa l’aile X vers l’ennemi. Il était encore à deux klicks, mais il lâcha tout de même une bordée de rayons. À cette distance, il avait peu de chances de toucher le bombardier, mais ça occuperait le pilote.

Corran rendit la pleine puissance aux moteurs. L’aile X bondit en avant. Deux volées de laser plus tard, Corran arriva à portée de tir, mais son ennemi vira abruptement à bâbord.

Je suis sûr que Bror Jace est aux commandes de ce vaisseau ! Il va descendre le Korolev, et je n’ai pas fini d’en entendre parler !

Jace, un humain de Thyferra, était selon Corran le meilleur pilote de l’escadron d’entraînement… après lui.

Corran transféra la totalité de la puissance de ses boucliers à l’avant, laissant l’arrière aussi vulnérable que le bombardier Tie, qui ne disposait pas de boucliers du tout. Jace se lança dans un tonneau. Corran le suivit, à pleine accélération. À la sortie du tonneau, Corran tira sur le bombardier, qui perdit une plaque de coque. Jace plongea sous la ligne de feu de l’aile X.

Nous y voilà !

Corran poussa le manche à balai vers le bas pour suivre le plongeon du bombardier.

Jace, l’aile X décrivit une boucle. Le bombardier revint et se colla derrière.

Avant que le Tie puisse lancer un missile, Corran poussa son chasseur à bâbord toutes et passa à travers la ligne de tir du bombardier. Sans prêter attention à ses instruments ni aux avertissements stridents de Whistler, Corran coupa l’alimentation des moteurs et la redirigea vers ses boucliers.

Il me reste une seconde.

Jace resta dans le sillage du virage de l’aile X, faisant grimper abruptement son bombardier pour suivre la manœuvre de l’ennemi. Puis il se rapprocha à toute allure de l’aile X.

Trop vite pour un missile, mais pas pour une volée de rayons laser.

Le bombardier Tie arriva sur l’aile X. Les alarmes de collision se déclenchèrent. Corran savait que son adversaire lâcherait une courte salve, puis reviendrait derrière lui pour le désintégrer avant de s’occuper du Korolev.

Le pilote de l’aile X bascula la puissance des boucliers vers l’arrière.

Le bouclier se matérialisa sous la forme d’une demi-sphère couvrant environ vingt mètres à la poupe de l’aile X. Prévu pour neutraliser l’effet des armes d’énergie comme des armes cinétiques, il n’eut aucun mal à protéger le chasseur des tirs de laser. Le bouclier était même capable d’arrêter un missile, au prix de sa propre destruction.

Le bombardier Tie aurait pu passer à travers le bouclier et détruire le chasseur, mais il percuta le champ d’énergie selon un angle tel qu’il rebondit. La collision envoya valdinguer l’aile X et diminua de moitié la puissance des boucliers arrière, mais le petit vaisseau ne souffrit aucun dommage.

Cela n’était pas le cas du bombardier. L’impact était équivalent à celui d’un véhicule terrestre heurtant un mur de ferrobéton à cent kilomètres/heure. L’aile tribord s’écrasa, s’enroulant autour du cockpit du bombardier. Les deux nacelles du vaisseau se tordirent, l’envoyant tournoyer dans l’espace artificiel du simulateur.

— Vert Trois, tu as vu ça ?

Pas de réponse.

— Whistler, qu’est-il arrivé à Vert Trois ?

Le R2 émit un sifflement lugubre.

Malédiction.

— Où est le chasseur ennemi ?

L’écran montra un Tie mitraillant à tout va le Korolev. Le petit vaisseau évita aisément la riposte de la corvette.

Ce pilote ne manque pas de courage, pensa Corran. Ou d’arrogance. Il est temps de la lui faire payer.

Le Corellien réactiva le programme de visée des torpilles à protons. Le Tie essaya de s’échapper, mais le réticule de visée vira au rouge. Corran appuya sur le bouton de lancement.

— Et une Mirette de moins !

Mais le pilote du Tie vira brusquement à bâbord, évitant le projectile.

Belle manœuvre !

Corran amorça une boucle pour passer derrière le Tie ; celui-ci disparut soudain de son écran avant pour reparaître sur l’arrière.

Une volée de rayons laser secoua le siège du simulateur.

Heureusement, j’avais les boucliers arrière à pleine puissance !

Corran évita les rayons, mais ils passèrent trop près à son goût.

Il savait que Jace pilotait le bombardier. Il ne pouvait donc pas s’agir de lui. Pourtant, à la connaissance de Corran, c’était le seul pilote capable de lui tenir tête.

Vous êtes venu voir comment je m’en tirais, commandant Antilles ? Vous allez être servi !

— Accroche-toi, Whistler ! On va faire une petite virée !

Il déporta l’aile X à bâbord, puis releva le nez du chasseur pour l’éloigner de sa trajectoire initiale. Le Tie lui colla au train, se rapprochant de lui. Après avoir coupé l’accélération, Corran tourna à quatre-vingt-dix degrés et plongea. Il se redressa au bout de trois secondes de chute libre et se retrouva derrière le chasseur.

Les rayons de l’aile X ratèrent le Tie, qui dévissa vers la gauche. Corran accéléra à fond et grimpa au-dessus de l’ennemi. Une boucle l’amena de nouveau sur l’arrière du chasseur, qui vira à droite. Corran tourna vers la gauche.

La distance augmenta entre les deux vaisseaux : un kilomètre et demi.

Parfait. Vous voulez me foncer dessus ? J’ai des boucliers, et vous non !

Si le commandant Antilles avait décidé de se « suicider », Corran n’avait rien contre. Il tira sur le manche à balai et décrivit une boucle inversée.

J’arrive !

Les deux engins se rapprochèrent rapidement. Corran centra le réticule de visée sur son adversaire, attendant de l’avoir dans sa ligne de mire. Un seul coup suffirait à faire exploser le chasseur Tie, à cause de l’absence de boucliers. Le réticule de visée clignota, puis vira au vert.

Le Tie commença à tirer dès qu’il atteignit sa portée maximale. Corran se demanda pourquoi Wedge gaspillait son énergie. À cette distance, les lasers étaient inefficaces contre les boucliers. Puis, quand le réticule de visée se remit à clignoter, Corran comprit.

Les éclairs lumineux sur les boucliers servent à perturber mon système de visée. Je dois en finir immédiatement !

Les doigts de Corran se refermèrent sur le bouton de mise à feu, envoyant des rayons rouges vers le chasseur Tie. Impossible de voir s’il l’avait touché : les lumières du cockpit clignotèrent, et Whistler poussa des cris aigus. Le moniteur principal de Corran s’éteignit, ses boucliers disparurent et les commandes ne répondirent plus.

— Où est-il, Whistler ?

Le moniteur revint à la vie. Le rapport technique défila sur l’écran.

— Scanners, en panne. Lasers, en panne. Boucliers, en panne. Moteurs, en panne. Par l’enfer, je suis aussi impuissant qu’un Hutt largué dans l’espace !

Le R2 était incapable de localiser le chasseur Tie sans les scanners du vaisseau. Whistler en informa Corran avec un couinement d’anxiété.

— Du calme, Whistler. Rends-moi d’abord les boucliers. Fais vite !

Corran scruta l’écran, à la recherche du chasseur.

Vous avez décidé de me laisser mariner dans mon jus, commandant ? Vous avez prévu de descendre le Korolev, puis de revenir me faire la peau ? Vous avez raison, je n’arrive pas à la cheville de Luke Skywalker… Et moi qui voulais être le meilleur…

Soudain, l’espace devint noir et le cockpit du simulateur s’ouvrit avec un sifflement. Des éclats de rire retentirent. Corran eut envie de rabattre la visière de son casque pour que ses trois amis ne le voient pas rougir d’embarras.

Pas question. Je dois faire face à ma punition.

Il se leva, enlevant son casque.

— Enfin, c’est terminé !

Le Twi’lek, Nawara Ven, applaudit.

— Quelle modestie, Corran !

— Comment ?

La jeune femme blonde debout à côté du Twi’lek lui sourit.

— Tu as triomphé du scénario Rédemption.

— J’ai fait quoi ?

L’être gris-vert de Gand hocha la tête et posa son casque sur le cockpit du simulateur de vol de Corran.

— Tu as descendu neuf cibles. Jace n’est pas très content.

— Merci de la nouvelle, Ooryl, mais je me suis quand même fait tuer pendant le combat, dit Corran, sautant hors de l’appareil. Le pilote qui vous a descendu – le commandant Antilles – m’a aussi fait la peau.

Le Twi’lek haussa les épaules.

— Il a beaucoup plus d’expérience que moi. Pas étonnant qu’il m’ait eu.

— L’étonnant, c’est qu’il ait mis si longtemps à nous éliminer, dit Rhysati, secouant sa longue chevelure blonde. Es-tu certain qu’il t’a « tué » ?

— Je ne crois pas avoir reçu de message de fin de mission.

— Si tu avais été tué lors de la simulation, tu le saurais ! Il t’a touché, Corran, mais il ne t’a pas tué. Tu as survécu et tu as gagné.

Corran sourit.

— Et j’ai eu Bror avant qu’il pulvérise le Korolev. Je te l’accorde.

— À juste titre.

Un homme brun aux yeux bleu clair avança vers Corran.

— Vous êtes un pilote exceptionnel.

— Merci, monsieur.

L’homme tendit la main au Corellien.

— Je croyais vous avoir coincé, mais quand vous avez fait exploser mes moteurs, votre missile m’a rattrapé. Beau travail.

L’homme était vêtu d’une combinaison de vol noire sans galon et sans nom, mais portant sur la manche gauche les insignes des batailles de Hoth, d’Endor et de Bakura.

— Vous êtes un adversaire redoutable dans un chasseur Tie, dit Corran.

— Merci, monsieur Horn. Je suis un peu rouillé, mais j’ai pris grand plaisir à notre joute. La prochaine fois, je vous donnerai plus de fil à retordre.

Une femme portant des galons de lieutenant s’approcha de l’homme en noir.

— L’amiral Ackbar est prêt à vous recevoir, mon-sieur. Si vous voulez bien me suivre…

Le pilote se tourna vers les quatre amis.

— Vous vous en êtes tous très bien sortis. Bravo d’avoir eu raison du scénario !

Corran, l’air ébahi, regarda l’homme s’éloigner.

— Je croyais que le commandant Antilles pilotait ce chasseur Tie. Je pensais qu’il s’agissait forcément d’un type de cette classe. Pour vous avoir eus tous les trois…

— Apparemment, il est de la même classe ! déclara Nawara Ven.

Rhysati ajouta :

— Il m’a manipulée du début à la fin.

— Tu as eu au moins le temps de le voir. Il a coincé Ooryl sans qu’il l’ait repéré. Et Ooryl est rapide comme l’éclair dans le simulateur, se plaignit le Gand, parlant de lui-même à la troisième personne, comme à son habitude. Cet homme est un très bon pilote.

— C’est vrai, mais qui est-il ? Pas Luke Skywalker, c’est évident, mais il était avec l’Escadron Rogue à Bakura et il a survécu à la bataille d’Endor.

Les yeux du Twi’lek étincelèrent.

— Le badge d’Endor porte un rond noir au milieu. Ça signifie qu’il a aussi participé à la bataille de l’Étoile Noire.

— Quelle importance a son identité ? demanda Rhysati.

— Rhys, il a descendu trois de nos meilleurs pilotes et immobilisé mon aile X. Et il prétend être un peu rouillé ! Je veux savoir qui c’est, parce que ce type est dangereux !

— C’est vrai, mais pour le moment, le pilote le plus dangereux, c’est toi. Donc, Corran, oublie que tu étais officier de la sécurité corellienne. Toi Nawara, oublie que tu étais un homme de loi. Peu importe qui est ce type. Nous sommes tous du même côté. Maintenant, le vainqueur du scénario Rédemption va nous payer le repas somptueux qu’il nous a promis si nous l’aidions à vaincre !

L'escadron Rogue
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